Descriptif
La science moderne a dû se libérer de l’héritage antique pour prendre son essor. Les mathématiques s’occupent d’entités abstraites, sans rapport avec le monde qui nous entoure, alors que la physique manipule des objets réels. En cette époque de boom technologique, la science bat le haut du pavé et le niveau de culture générale scientifique n’a jamais été aussi élevé.
Autant d’idées reçues que le mathématicien et historien des sciences Lucio Russo dément avec brio dans cet essai court et incisif.
Textes à l’appui, l’auteur montre combien la dette des sciences modernes à l’égard de l’Antiquité est importante. Il rappelle le rôle essentiel des phénomènes observables dans la genèse des théories scientifiques, aspect dangereusement occulté par les processus d’abstraction complexes des sciences modernes et par l’évolution des programmes scolaires.
Il souligne que la science même la plus contemporaine implique une méthode qui, en l’occurrence, est directement héritée des travaux d’Euclide et de ses successeurs hellénistiques.
Synthèse des recherches de toute une vie, Notre culture scientifique convoque les différents domaines de la connaissance (cosmologie, chimie, mathématiques, théorie des marées…) et nous invite à comprendre notre passé scientifique en profondeur, seul moyen de s’en affranchir pour bâtir notre futur.
Marque éditoriale : BELLES LETTRES (1 ère édition)
Histoire des sciences
Public visé : Tout public
Texte en français
Note de lecture Tangente
Lucio Russo est mathématicien italien, spécialiste de calcul des probabilités. Il puise dans son extraordinaire culture, en particulier de l’Antiquité, des arguments des plus pertinents pour aller à l’encontre de certaines idées reçues sur le rôle de l’héritage antique sur la science moderne, en particulier l’affirmation qu’elle a dû s’en libérer pour prendre son essor. Il explique, par exemple, que l’héliocentrisme est une idée d’Aristarque de Samos et que Copernic l’a exhumé en se penchant sur l’œuvre de l’astronome grec.
En balayant divers thèmes classiques de la science (astronomie, gravitation, théorie des marées, concept de molécule), il explique que les idées dans Anciens ont contribué, bien après la Renaissance, à des découvertes scientifiques fondamentales.
Les matheux seront sensibles à la mise en lumière de l’influence de l’œuvre d’Euclide, bien plus tard qu’on ne le pense généralement, sur les découvertes en mathématiques ; ils partageront sans doute avec l’auteur l’intérêt de l’approche de la géométrie du mathématicien alexandrin pour promouvoir une géométrie basée sur des figures constructibles.
Par contre, on pourra ou non partager la philosophie de l’auteur sur le rôle des mathématiques, sa diatribe contre l’esprit bourbakiste ; on ne pourra cependant que saluer ce brillant essai (traduit de l’italien par Antoine Houlou-Garcia), qui, en s’appuyant sur une connaissance fine de l’histoire des sciences, défend avec brio le rôle des Anciens dans le développement de la science moderne.