Les mathématiques semblent aujourd’hui organisées en un corpus unitaire, mais cette apparente unité résulte de processus fort complexes. Et si la volonté pédagogique semble continue au cours de l’histoire, conservations et oublis, transmissions et appropriations, héritages et voyages laissent deviner les multiples ruptures possibles tout au long de ce cheminement.
Cet ouvrage collectif ne prétend pas être une histoire des voyages mathématiques autour du bassin méditerranéen. À travers quelques récits thématiques, dont certains s’écoulent sur plusieurs siècles (comme celui autour du traité De l’équilibre des plans avec la fameuse balance d’Archimède), les auteurs analysent les conditions ayant permis à ces théories de nous parvenir, en insistant sur le rôle déterminant des « passeurs » qui ont diffusé les idées des autres. Presque aussi sûrement que l’intérêt scientifique (géométries euclidienne et non euclidiennes, mécanique, instruments de mesure…), les liens avec le commerce, la stratégie militaire ou les problèmes juridiques de transactions furent des conditions favorables à la conservation et à la diffusion des écrits mathématiques. Près de la moitié du célèbre Abrégé du calcul par la restauration et la comparaison d’al-Khwârîzmi est consacré à des problèmes de testaments !