Les « Trente Glorieuses », ainsi dénommées par Jean Fourastié, ce sont ces années exceptionnelles qui ont fait suite à la Seconde Guerre mondiale, pendant lesquelles la croissance et le niveau de vie des pays occidentaux ont connu une progression extraordinaire. Les auteurs remarquent qu’elles ont été caractérisées par des « plans quinquennaux » dont le côté anticipatif, rigoureux et quantifié n’est pas étranger à leur succès.
La thèse du livre, qui commence par la fiction de ce que pourrait être la France en 2040, c’est que, quoi qu’en disent les Cassandre et les déclinologues qui nous rebattent les oreilles, une politique scientifiquement menée et cohérente dans le temps pourrait avoir encore aujourd’hui les mêmes effets.
Ce livre, c’est l’histoire d’un projet, France européenne 2040, présenté sous forme d’un business plan national. C’est un plaidoyer en faveur de la stratégie à long terme plutôt que de la navigation à vue. C’est un hymne à la réflexion scientifique, tellement plus efficace que l’approche dogmatique, démagogique ou opportuniste. C’est un message d’espoir, qui contraste avec le pessimisme conformiste et la résignation impuissante d’une partie de la société française. C’est aussi une bouffée d’air frais, insufflée par ces jeunes scientifiques que sont Karine Berger et Valérie Rabault, qui clament haut et fort, avec d’autres, qu’une nouvelle génération est capable de prendre en main la destinée commune.
Car pour les politiques, ce livre sonne comme un démenti de tout ce qu’ils ont cherché à nous faire croire : « c’est la faute à la mondialisation, c’est la faute aux marchés financiers, c’est la faute à la crise. » Et si c’était leur faute à eux, qui n’ont pas eu la clairvoyance de comprendre que les leviers étaient entre leurs mains, comme entre celles de celui qui tient les manettes d’un jeu vidéo ? Un jeu dont ils se sont obstinés à ne pas lire les règles.