Ça commence par une scène terrifiante de roman noir, quelque part dans les Marais Pontins, ça se poursuit par un bref essai sur les limites de la prostitution et le rapport au corps des jeunes femmes de l'époque berlusconienne, puis on passe à la chronique de mours ironique chez les people italiens.
C'est dans ce milieu à la fois puissant et dérisoire que se déroulent les bizarres manouvres d'approche d'un spéculateur financier de haut vol à l'égard du narrateur.
Jouant sur tous les registres, Walter Siti, l'un des plus grands auteurs italiens vivants, nous attache aux destins croisés d'un fils du petit peuple romain, obèse dans son adolescence, génie des mathématiques, devenu bankster milliardaire, et d'une mannequin qui gère avec maestria le capital de son corps pour protéger son âme. S'appuyant sur une connaissance approfondie aussi bien des mécanismes et du jargon de l'économie numérisée que sur une intime pratique du parler populaire romain, l'auteur nous fait découvrir comment la fameuse zone grise entre les mafias et la haute finance tend à devenir de fait la finance tout court. A travers une galerie de personnages complexes et attachants - dont l'auteur lui-même - nous sommes transportés au cour de ces guerres quotidiennes qui nous concernent tous, dont les champs de bataille sont le sexe et l'argent.
Résister ne sert à rien a obtenu à une écrasante majorité le Premio Strega, plus important prix littéraire attribué en Italie.
Walter Siti est né à Modène en 1947. Il a enseigné la littérature à l'École normale supérieure de Pise et dirigé l'édition des ouvres complètes de Pasolini. Deux ouvrages ont été publiés en France chez Verdier : Leçons de nu (2012) et Une douleur normale (2013).
Marque éditoriale : METAILIE
Romans
Public visé : Tout public
Texte en français
Note de lecture Tangente
Si ce roman, qui a obtenu en Italie le prix Strega, aussi populaire que notre prix Goncourt, raconte une histoire d’aujourd’hui, celle des quarante premières années d’un trader qui a réussi, sa forme aussi bien que son fond ne convainquent guère. Walter Siti, écrivain italien reconnu, est ici le narrateur, moyennant finance, de la vie de Tommaso, Romain d’origine modeste, complexé dans son adolescence par son obésité, génie des mathématiques et des combinaisons statistiques devenu par son talent trader milliardaire. Hormis les incursions dans le vocabulaire des mathématiques qui, dit Tommaso, « ne déçoivent jamais », les allusions à de petits problèmes de probabilités connus comme celui des trois portes ou de la marche de l’ivrogne, cette fiction comporte plus d’allusions au sexe et à la puissance que semble procurer l’argent qu’aux mathématiques ! Les termes techniques employés, comme « les facteurs d’amortissement des courbes et les volatility smiles, la chaîne de Markov, les caracté-ristiques fixed leg et les arbres binomiaux à deux phases », paraissent artificiels et vides de sens. La vision elle-même des mathématiques par le personnage principal tombe un peu à plat. « La mathématique n’est pas de la culture, nous dit-il, le vrai mathématicien ne participe pas au bal mais étudie les pas de danse. » On peut aussi voir les choses autrement… Ce récit, mené de façon confuse et mettant en scène des personnages troubles et ambigus, est trop convenu et sans surprise pour pouvoir « accrocher » vraiment.